La vidéo fait le "buzz" sur le site du journal israélien Haaretz... mais peu de temps auparavant, c'est sur la chaine nationale "10" qu'elle a connu un vif succès. Sur des images de mauvaise qualité, on peut voir un soldat de Tsahal se trémousser en chanson derrière une captive palestinienne, yeux bandés et mains ligotées.
Une enquête interne a été diligentée, mais la toile s'est rapidement emparée de la sulfureuse séquence, donnant lieu à des échanges de commentaires parfois bien peu reluisants. Si la provenance de la vidéo n'est pas encore authentifiée, un tel comportement n'est pas exceptionnel. Comme le rappelle le journal, dans le courant de l'année dernière, de multiples cas similaires ont été recensés, et sanctionnés, au sein des troupes de Tsahal.
Le développement des médias sociaux, l'amélioration des technologies de prise de vue (caméra dans les téléphones portables, miniaturisation des appareils photos) ont donné à voir ce que d'ordinaire on ne voyait pas, mais ont également créé de nouveaux comportements, de nouvelles mises en scène de la guerre. Typiquement, les images de tortures provenant de la prison d'Abou Ghraib (avril 2004) révèlent des pratiques en vigueur dans certaines prisons américaines tout autant qu'elles contribuent à façonner, ou plutôt à encourager, ce type d'actes. Le soldat qui, à cause du stress des combats, de la mort de camarades, de celle d'ennemis par sa propre main, ou par simples convictions extrémistes, "pète les plombs", a désormais un espace de communication échappant à sa hiérarchie (les médias sociaux sont d'ailleurs devenus la bête noire des états-majors) par lequel il peut évacuer une partie de la pression et exprimer par là même ses pires ressentiments.
Il ne s'agit pas ici de faire la comparaison entre telle ou telle vidéo, mais de souligner ce phénomène que l'on retrouve sur quasiment sur tous les théâtres d'affrontement depuis le début des années 2000. La force de ces images a évidemment d'indubitables conséquences sur la formation des opinions publiques. Et c'est un lieu commun pour n'importe quel stratège, politique ou militaire, que d'énoncer qu'un guerre ne se gagne qu'avec l'assentiment de celles-ci. Comme souvent, la hiérarchie commence par identifier la fuite : s'attaquer au fond du problème sur le long terme, et non ponctuellement en réponse à une nouvelle révélation d'images, serait pourtant bien plus profitable.
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